Un autre Reg'Art

Les valises sont bouclées et chargées dans le coffre de la voiture. Le petit-déjeuner avalé, il est temps de dire au revoir. Je viens de passer les deux plus belles semaines de ma vie. Mon meilleur ami, Jean-Gabriel … Gaby pour les proches … m’a invitée en vacances. Il m’a fait découvrir sa région natale, la Charente-Maritime, et rencontrer des gens formidables qui m’ont accueillie comme un membre de la famille.

Nous rentrons en Belgique, j’ai le cœur gros. Je me sens au bord des larmes mais pas question de teinter cette dernière journée de tristesse. Gaby me réserve une dernière surprise : la visite du marais de Poitevin.

Depuis quand visite-t-on un marais ? Et d’ailleurs qu’y a-t-il à voir dans un marais ? A vrai dire, je m’en fous, j’ai le cœur en berne. Mais bon, pourquoi pas, si ça peut retarder le retour chez moi.

On monte dans une barque avec quelques autres visiteurs. Sitôt installée que j’ai une envie furieuse d’envoyer tout le monde par-dessus bord. Je souhaite être seule avec mon meilleur ami, que déjà le guide, à la façon des gondoliers vénitiens, éloigne l’embarcation de la berge.

Le soleil est à son zénith et la chaleur est suffocante. Cependant plus on s’enfonce dans le marais et plus l’air devient respirable. Même mon humeur s’allège et petit à petit la morosité s’estompe. Je savoure la balade au point d’en perdre les explications du guide. J’ai l’impression d’être dans un autre monde.

Les rayons du soleil se faufilent à travers les branchages, miroitent sur les eaux sombres. Je me sens si bien que j’en oublie les personnes qui m’entourent.

Je voudrais m’étendre sur l’embarcation, ne plus bouger et me laisser bercer par le clapotis de l’eau. Au battement des ailes des libellules et au bruissement du zéphyr se joint le chant des oiseaux. Quelle douce mélodie !

Au détour d’un méandre, le guide dirige la barque dans un recoin. La couleur de l’eau est différente et il en émane une odeur nauséabonde. Fini les rêveries, je suis intriguée tout autant que les autres personnes. Et là, sous les yeux ébahis du groupe, il met le feu au marais. C’est une des caractéristiques du marais Poitevin : des poches de soufre s’y forment.

Retour sur la berge, Gaby et moi reprenons la route. Les vacances sont bel et bien finies. Je chérirai à jamais ce souvenir d’une journée extraordinaire.

Aquarelle de Sara Farokhi

©Mannuella Iseni