LES CICATRICES
Dans un grand fracas, une paroi vole en éclat. Tant d’années à faire front, à tenir bon, endiguer les flots qui s’infiltrent insidieusement de toute part. Elle résiste aux assauts du temps, affronte les orages avec courage, sans jamais se plaindre, sans un cri. Stoïque, elle encaisse les outrages. Des blessures plus profondes que des crevasses tailladent ses flancs. Des cicatrices lézardent sa robustesse et escaladent les moindres recoins vers le sommet.
Le séisme, annoncé, l’ébranle jusqu’au plus profond, touche le cœur et dans un grondement de colère, de désespoir, trop longtemps retenu, elle libère dans une avalanche furieuse toutes les ignominies subies depuis la nuit des temps.
Une fois encore, elle est là, fièrement, dressée dans la tourmente et soudain, au milieu du chaos, un bruissement d’aile envahit l’air comme un murmure venu de très loin. Que fait là cet oiseau ? Est-il fou ? A-t-il des idées suicidaires ?
Absolument pas ! Son chant mélodieux est porté par le vent. Il lui chante une berceuse afin de la consoler. Il lui annonce l’arrivée des beaux jours tout en dansant dans les courants d’air. Il est venu la réconforter.
Quel rêve incroyable … Dame Nature est l’exemple parfait qu’il y a toujours de l’espoir.
Aquarelle de Sara Farokhi
© Mannuella Iseni
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