Un autre Reg'Art

Bien installée au bord de l’étang, j’observe la faune et la flore qui l’habitent. Indifférents à ma présence, quelques poissons évoluent çà et là. Tandis que certains font une courte apparition afin d’happer un insecte, d’autres semblent jouer à cache-cache sous les nénuphars. A moins qu’ils ne se dérobent à ma vue par timidité. Les magnifiques fleurs de lotus ondoient lascivement à la surface de l’eau, à peine troublée. Les larges feuilles, tels des parasols, protègent les plus jeunes fleurs de l’ardeur du soleil et elles laissent la place à celles déjà pleinement épanouies.

Je laisse mon esprit vagabonder dans la quiétude des lieux et je songe à ma famille, si proche et si lointaine. J’ai la nostalgie des étés de mon enfance quand nous nous retrouvions, frères, sœurs, cousins, cousines, pour de grands pique-niques. Les plus jeunes gambadaient, couraient, sautaient en tout sens sous la surveillance des aînés alors que les femmes installaient nappes, plats et vaisselles pendant que les hommes se chargeaient de cuire les viandes sur un barbecue de fortune.

Inévitablement l’un d’entre nous tombaient à l’eau avec pour excuse : « je ne l’ai pas fait exprès ! » ou « ce n’est pas de ma faute ! ». Exprès ou non … peu importait l’excuse, c’était le signal pour un plongeon improvisé et s’ébattre comme des fous, sans se soucier de la fraîcheur de l’eau. Nous en ressortions dégoulinant et, sans prendre le temps de nous sécher, nous nous jetions sur la nourriture comme de jeunes loups affamés. Puis sous l’œil attendri des adultes, nous nous endormions à même l’herbe.

Comme autrefois, je finis par m’endormir, paisible le sourire aux lèvres.

Aquarelle de Sara Farokhi

© Mannuella Iseni