Un autre Reg'Art

Elle a perdu pied, décroché. Rien que l’idée de reprendre le chemin du travail l’angoisse. Elle souffre à s’en rendre malade ; le moindre bruit, le babillage incessant des collègues lui vrillent les tympans. Le bourdonnement ininterrompu des machines la tétanise. C’est tellement violent que son cœur s’emballe, son estomac se tord de douleur.

Malgré ce mal-être, elle se lève, se douche, s’habille. Plus les minutes avancent et plus le serpent de l’angoisse lui noue les entrailles. Dans la cuisine, le café qui coule n’est que le pâle reflet des larmes qui ruissèlent sur ses joues. D’un geste rageur, elle les essuie. Elle a l’impression que sa vie vole en éclat, que plus jamais elle ne connaîtra la joie et l’insouciance. Elle prend ses clefs, ouvre la porte et reste pétrifiée, incapable de franchir le pas. Elle fait demi-tour, se traîne jusqu’au canapé où elle s’effondre.  Ses dernières forces l’ont abandonnée. Elle est brisée moralement, physiquement comme ces arbres déchirés, déracinés par un ouragan. Les heures, les jours, les semaines, les mois défilent sans qu’elle bouge. Elle est morte de l’intérieur. Elle a envie d’hurler :

STOP !

Puis vint le temps de la renaissance, elle change de cap. Timidement, elle peint ses peines, ses douleurs, ses combats et ses espoirs. Trait après trait, dessin après dessin, elle reprend vie.  Devant la toile vierge, elle se laisse guider par le pinceau qui lui démontre que les beaux jours sont à portée de main.

Depuis c’est le cœur débordant d’espoir qu’elle affronte la vie. Le sourire a séché ses pleurs et c’est pleine d’optimiste qu’elle suit sa nouvelle voie.

Aquarelle de Sara Farokhi

©Mannuella Iseni